Une nuit de folie !!!
Après une semaine tranquille, où nous avons successivement fait 19km, puis 15, puis 11, un jour de repos, 18 et 15, encore un jour de repos. Une semaine où nous avons traversé les Vosges de Nord
sur une parfaite petite route plate, zigzaguant dans une magnifique vallée verdoyante. Où nous avons visité les maisons troglodytes de Graufthal, où nous avons dormis sur une place de village
après avoir dégusté les très bonnes pizza du camion "Pizza Brigitte". Où nous avons pénétré en territoire Alsacien.
C'est ici que cette nuit de folie va se dérouler. Etes-vous prêts à vivre avec nous la 1ere aventure du notre voyage? Etes-vous prêts à frissoner et à trembler comme les feuilles d'un peuplier
secoué dans le vent? (je peux bien éxagerer un peu, pour une fois qu'il nous arrive quelque chose!)
Donc, après cette semaine tranquille, Lundi soir vers 19h nous arrivons dans un village du nom de Mertzwiller, qu'il nous est désormais impossible d'oublier. Nous croisons une petite famille
sympathique à qui nous demandons un terrain communale avec de l'herbe.
"Ah yô, (avec l'accent alsacien) c'est pas possible à Mertzwiller, il faut aller ailleurs, ici vous n'allez pas être en sécurité, il y a plein de gens du voyage..." Sans doute pleine de bonne
volonté, cette dame n'avait pas fait le lien avec le fait que nous étions aussi en voyage. Peu importe, nous insistons, et son fils de 9 ans saute sur la roulotte (il adore les chevaux) et nous
guide sur une petite route longeant une rivière, qui mène à deux grosses maisons en ruine, un petit bout de forêt, et un immense terrain plein d'herbe. Nous garons la roulotte à 15 mètres des
arbres et faisons le parc des chevaux. Voilà à quoi ressemblait ce petit bout de paradis...
La maman du petit vient le rechercher en voiture, en nous offrant 24 oeufs! de ses poules, et de l'eau pour les chevaux. A peine avons nous le temps de discuter que le ciel se couvre, et qu'un
orage du feu de dieu éclate au-dessus de notre maison vagabonde. Nous nous amusons du spectacle, du bruit, de la luminosité spéciale, du bout d'arc-en-ciel qui nous salue, puis des énormes
grêlons qui nous bombardent. Pauvre Happy, elle fait le dos rond et couche les oreilles, pas contente du tout ! Comète en profite pour piquer un petit somme, détendue (tellement de graisse
qu'elle ne sent rien). Très vite les chevaux patogent dans la flotte.
L'orage passé, un type nommé Xavier, de l'âge de Thierry s'arrête, des bottes, une saloppette, il vient d'aller voir sa comtoise dans un parc au bout du chemin. Il hallucine en voyant la
roulotte, et est mort de rire quand Thierry lui montre ses astuces de construction, il n'en revient pas et nous prend pour des fous quand on lui dit qu'on vient de Metz et qu'on va à Prague. Cinq
minutes après débarquent deux "gens du voyage dangereux" curieux également, et tellement dangereux qu'on invite tout le monde à boire un coup dans la roulotte. Les deux derniers venus nommés
Yllib et Soinarf, décident d'aller chercher leur guitare. Ils reviennent beaux comme des camions (comme pour un mariage), et nous avons un peu honte de nos habits dégueu qui puent le cheval.
Notre soirée commence à merveille, Yllib joue comme un virtuose, il vit d'ailleurs de sa musique. Soinarf, qui n'est jamais monté dans une roulotte est véritablement touché, et même choqué de s'y
retrouver tout à coup, il en a les larmes au yeux. La roulotte a vécu ce soir une veillée gitane, avec à la place du coeur, une guitare qui vibre et qui s'envole. Tout le monde fut bien heureux
de cette rencontre improbable.
Vers 3h du matin, en plein dans un morceau du musique très vivant, j'entends les juments qui galopent en tout sens. Je sors et vois les arbres qui s'agitent de partout comme si des gens en
secouaient les branches, j'appelle Thierry toute paniquée. Tout le monde sort de la roulotte, et croyez-moi ou non, à ce moment, dans un fracas de bois terrifiant, un arbre de 5m de haut se brise
et tombe!!! Pile au même moment un voiture démarre des ruines et s'en va. Les juments mortes de peur, défoncent la cloture et partent dans un galop lumineux (les fers faisant des étincelles sur
la route) emportant le fil élecrtique avec elles. A peine le temps de penser "pourvu qu'elles ne se blessent pas" que Comète se ratatine dans le fossé, pour se relever aussitôt et continuer à
courir...
Xavier prend un licol et part à leurs trousses, suivi de Chana, Thierry armé d'une machette court vers les arbres en hurlant "Sortez d'là bandes de batârds!!!", et moi je saute parterre, l'eau recouvre mes pieds nus, prends un seau de granulés et pars sur la route. Je marche en appelant les juments, je les entends trotter au loin, puis plus rien. Même Xavier ne me réponds plus. Arrivant dans la forêt, pieds nus, dans la nuit noire, sans lune ni étoile, je me demande si je dois continuer ou faire demi-tour. Puis Soinarf arrive en voiture et on continue le chemin, nous ramassons Xavier en route. Enfin à la sortie de la forêt, nous apercevons les juments, toutes heureuse de nous retrouver, et heureusement, pas bléssées. Nous repartons vers notre domicile, sur ce chemin caillouteux, j'ai tellement mal aux pieds, que finalement j'ai l'impression de marcher sur un tapis moelleux et brulant (sur 2km d'àprès la carte que j'ai regardé le lendemain).
En arrivant à la roul, Soinarf en voulant se garer dans le champs s'aperçoit qu'il est dans l'eau et recule, pour se foutre dans le même fossé où Comète est tombée. Mais en un rien de temps,
Xavier le sort de là avec sa camionette, ouf. Une voiture arrive et nous éclaire pendant 5 bonnes minutes avant de faire demi-tour, pensant surement qu'on est complètement givrés et qu'il est
sûrement dangereux de passer près de nous.
J'arrive devant la roulotte avec les chevaux, j'ai de l'eau juqu'aux mollets et j'interpelle tout le monde avec un logique "hé mais l'eau...elle a monté!" Bon sans trop y réffléchir, Tyry
fait un nouveau parc de l'autre côté de la roulotte, y'a un peu moins d'eau, on y met les juments, et on respire une seconde, en se demendant pourquoi l'arbre est tombé. Thierry et Yllib nous
disent qu'ils ont vu deux paires d'yeux dans la haie avant que leurs grosses masses ne s'enfuient, sûrement des sangliers...
Puis Xavier nous sort la roulotte de là, car l'eau arrive à la mi-hauteur des roues (photos dès que possible). Très vite nous nous aperçevons que les juments ont de l'eau jusqu'aux boulets, alors
nous décidons de repartir dans le village.
Les mecs ré-attelent la roulotte à la camionnette, et s'en vont. J'explique à Soinarf, comment tenir Happy, je prends Comète et nous voilà repartis à pieds avec les grosses. Plus loin la route
disparrait dans l'eau, nous sommes immergés jusqu'aux cuisses, je me retourne et vois dans la lueur pâle de la nuit notre manouche en chemise blanche, trempé de la tête au pied, tenant Happy et
galérant à marcher, nous sommes écroulés de rire devant cette situation comique de replonger de la sorte dans la vie de nos ancêtres (paysans ou gitans)...ce fût surtout un rire de bonheur!
Nous voilà sur un parking dans le village, pour le restant de la nuit les filles vont manger du hêtre et du marronnier. Nous discutons encore un moment, comme si personne n'avait envie que cette
nuit ne se termine, comme si nous n'avions plus envie de quitter nos compagnons de misères d'une nuit. Puis vint la fatigue, et les oiseaux les plus matinaux se mirent à chanter... Il est 4h du
mat, l'heure de se dire adieu, ou à demain. Déjà, nous sommes nostalgiques!
Nous ne dormons pas beaucoup et il faut repartir, les juments n'ont rien à manger. Des gens curieux assistent au départ, nous racontons avec engouement nos péripéties nocturnes, mais pas de
traçes de nos compagnons, ils doivent dormir bien profondément!
Voilà, c'est fini!!! Bravo pour ceux qui ont eu le courage de lire tout l'article. J'écris là d'une écurie alsacienne près de Betschdorf, Happy et Comète sont au boxe pour 5 jours de repos, chez
un gentil éleveur d'Irish Cob (Tinker Im Elsass) qui nous a ouvert les portes pour un peu de repos. Il ne me reste plus qu'à trier les quelques 1000 photos depuis le départ et créer un album sur
le blog qui se nommera "MAI 2012" (et je n'ai pas franchement le temps de corriger les fautes de ce texte affreusement long!)
A bientôt pour de nouvelles aventures! Nous sommes à 20 km de la frontière allemande, bientôt Thierry ne va plus rien comprendre...!