Orage et canicule

Mercredi 24 Aoùt :

Finalement nous sommes partis Lundi, car Tyry est tombé malade et il m'a repassé son rhume. On a donc passé notre Dimanche au lit avec san doute une peu de fièvre.

Lundi c'est la canicule, nous décollons donc vers 17 h, les juments demarrent tranquillement mais maintiennent le rythme à 6 km/h toute la séance. Au bout de 2 heures nous décidons de nous arrêter là, dans le petit village d'Oron. Le paysan nous envoit chez le maire, le maire nous envoit chez un propriétaire de chevaux qui, très sympatiquement nous ouvre un petit terrain clôturé, et nous indique un gué où raffraîchir les juments. Happy qui n'a jamais été dans l'eau hésite un instant et y rentre en imitant Comète. Après s'y être amusée un peu, elle nous fait un super crottin dans l'eau, ça flotte partout c'est super ! Allé, on sort...

Il est déjà tard, nous mangeons, et sans aucune visite nous dormons sous les lampadères de la place de l'église, sous la protection de Dieu sûrement.

Le lendemain (mardi) c'est encore les grosses chaleurs. nous passons la journée à batifoler dans le gué, à lire ou faire la sièste à l'ombre des peupliers. On voit plusieurs fois les mêmes agriculteurs qui passent dans de gros tracteurs, on s'imagine aisément qu'ils nous prennent pour des feignants... De temps en temps thierry rit en lisant son livre sur "histoire de tout ou presque" de Bill Bryson, j'insiste alors pour qu'il me dise ce qu'il y a de drôle:

"et bien, à telle époque, ils pensaient que la terre avait 30 000 ans, mais ensuite ils ont trouvés une roche de 300 millions d'années !" Bon à chacun ses histoires drôles. Ou encore il me dit que le type qui a découvert en premier des ossements de dinosaures, se rendait à la remise d'un prix nobel, il s'est fait embarquer par ses chevaux en calèche, et il est mort...Ah bon...

Vers 16 h quand le temps se fait plus supportable, on va chercher les juments, on brosse, on harnache et c'est parti ! A peine en haut du village on voit un ciel et voilà que ça tourne à l'orage ! Vive la pluie battante ! On ne fait pas beaucoup de kilomètre et on voit sur notre carte un étang dans le village de Marthille. Le soleil revient, Thierry part devant en vélo pour trouver un endroit, si possible à l'étang. Le maire est introuvable, mais les habitants sont tous d'accord sur le fait que ça ne dérangera pas le maire.

Bon, on y va, une famille nous suit en poussette. Non loin de l'étang, le ciel craque et la pluie battante nous surprend de nouveau.

J'arrive tout juste à fermer mon imper, Thierry me dit "Tourne, c'est là!

-Quoi?! Nan je tourne pas là, ça passera pas!

-Mais si tourne, je te dis que ça passe!!"

Il y avait une entrée pour l'étang avec un gros trou à droite, puis une montée en terre puis l'étang juste en face, il voulait que je me gare au bord. "Nan , je rentre pas là!"

Il m'emmène alors plus loin et me hurle quelque chose. Avec la pluie sur le toit et ma capuche j'entends rien du tout. "Quoi?!

-Tourne, c'est là !

-Quoi?!

-TOURNE !!

Là, comme j'entends rien du tout je m'arrête net, au niveau d'un passage dans les sapins. La manoeuvre s'avère difficile. Thierry prend Comète à la tête, il s'éccarte de l'entrée pour prendre large, et on tourne, je bloque les roues de la roulotte pour permettre au jument de tourner sur place, on entre dans la haute herbe, ça secous, demi-tour, face à la sortie pour demain, et HOW LA ! (stop en language cheval). Là les juments ne bougent plus d'un poil, elles ont bien compris que l'herbe est pour elles.

On dettelle, on fait le parc, on est trempés. A ce moment notre petite famille à la poussette qui s'était fait rapatrier en voiture revient avec une soupe chaude dans une thermos!! un DELICE, un rêve inattendu!...Avec en prime le jeu de deviner ce qu'il y a dedans. on perd ridiculement en pensant qu'il y a des poireaux et des patates, mais la réponse est : courgette, carottes, orties...

Le coin est si agréable qu'on y fait un jour d'arrêt. Le lendemain on nous apporte une nouvelle soupe, des légumes du jardins, du pain, des plantes séchées pour tisanes, et on part à la ceuillette de raisins, mûres, pommes...Merci aux habitants de Marthille et à Huguette!

Nous passons une nuit dans d'attroces orages, la tête dans la bulle à l'arrière de la roulotte, voyant les éclairs de tout les côtés, sursautant à chaque grondement du ciel un peu trop violent. Les chevaux se collent à la roulotte. Et nous nous endormons dans un nid moelleux au milieu du déchaînement coriace de la nature... Si c'est pas de l'ordre du rêve ça?...